Amazon, les éditeurs et… les auteurs!

Des auteurs allemands et américains voient leurs ventes bloquées par Amazon aux prises avec leurs éditeurs – Bonnier, Hachette. Ils protestent, et pas seulement parce qu’ils voient leurs ventes diminuer….

La fronde des auteurs s’organise des deux côtés de l’Atlantique : 909 auteurs américains – dont John Grisham et Stephen King – ont réagi aux dernières manoeuvres d’Amazon. Pour le plus grand bonheur d’Hachette? Pas si vite : ces auteurs disent agir indépendamment. Notons aussi qu’ils sont loin d’être tous publiés par Hachette. Mais ils se sentent pris en otage par Amazon. C’est ce qui a amené Douglas Preston à écrire une lettre à tous ses lecteurs, leur demandant de s’adresser à Jeff Bezos, à la tête d’Amazon, afin que celui-ci cesse d’utiliser les auteurs comme moyen de pression dans ses négociations. En effet, comme il le raconte au New York Times, Douglas Preston a vu ses ventes – qui se portent d’ordinaire plutôt bien – chuter d’un peu plus de 60%. Et il reproche à Amazon son manque de loyauté : « c’est par nos livres qu’Amazon arrive à vendre tout ce qui se trouve sur son site, et maintenant, il nous tourne le dos », dit-il, toujours au New-York Times. En Allemagne, les auteurs ont également haussé le ton et plus de 1000 d’entre eux ont co-signé une lettre. En effet, le Scandinave Bonnier, à qui appartiennent plusieurs parmi les plus grandes maisons d’éditions d’Allemagne, a également eu maille à partir avec Amazon lorsqu’ils avaient à renégocier leur contrat. Amazon s’y est pris avec Bonnier comme avec Hachette. Or ces pratiques ne sont visiblement pas du goût de tous les auteurs, en Allemagne comme aux États-Unis, d’où ces lettres…

Un équilibre difficile pour Amazon… Amazon vend des livres… et aussi des bottines, des tondeuses, des affaires de sport et tout ce dont vous pouvez avoir besoin (ou croire avoir besoin). Les livres à bas prix attirent le chaland, susceptible de se laisser tenter ensuite par tous ces divers produits aux marges plus élevées. Les chiffres? On ne les connaît pas. Certains estiment que les livres représentent 7% du revenu annuel de la tentaculaire entreprise. Négligeable ? Loin de là : Amazon, sur sa page d’accueil pour les investisseurs, proclame vouloir être au service des clients, des vendeurs, des entreprises et … des créateurs de contenu. Les auteurs relèvent très probablement de cette catégorie de faiseurs de contenus. Ce contenu se vend entre autres sur les Kindle, la liseuse adaptée aux textes d’Amazon. L’entreprise a donc plutôt intérêt à ce que les ventes de Kindle et l’offre de contenu ad-hoc augmentent… Plus  généralement, Amazon travaille à divers projets, du téléphone aux vidéos. On comprendrait qu’il s’intéresse au contenu que ces engins sont susceptibles de faire circuler. Amazon est donc dans une situation délicate où, d’une part, les auteurs subissent aujourd’hui les répercussions des discussions entre Amazon, Hachette, Bonnier et, d’autre part, le fait qu’Amazon souhaite pouvoir continuer à travailler avec ces mêmes auteurs. Un équilibre entre aujourd’hui et demain difficile à garantir…

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Crédit photo: Canoe.ca

— Sibylle Greindl

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