Fabrication écologique de dispositifs numériques : Amazon à la traîne, Apple et Fairphone en tête

Dans un rapport récemment publié, Greenpeace pointe les différences d’empreintes écologiques entre les grands fabricants de dispositifs électroniques dans le monde. Sur base de plusieurs critères, l’ONG a donc dressé un classement des bons et des mauvais élèves en matière d’écologie. Si Amazon est à la traîne, on retrouve Apple et Fairphone en tête.

L’un des arguments parfois cité en faveur du livre numérique est qu’il représente une alternative écologique au livre papier. Mais ce n’est pas toujours vrai, nous vous parlions d’ailleurs déjà en 2015 de l’impact écologique du numérique. Cela dépend de l’utilisation que l’on fait des supports de lecture, mais aussi de la façon dont ceux-ci sont fabriqués. L’ONG Greenpeace s’est penché sur les modes de production des grands leaders du numérique, mettant en évidence plusieurs faits intéressants.

Un manque de transparence dans la chaîne de production

Jusqu’à 70 à 80 % de l’empreinte carbone dégagée durant la vie des appareils électroniques (smartphones, liseuses, tablettes, ordinateurs, etc.) est produite au moment de leur fabrication. De fait, la plupart des entreprises publient très peu d’informations sur la chaîne de production. Sur les 17 entreprises évaluées par Greenpeace, seulement 6 publient une liste basique de producteurs, Fairphone et Dell étant les seules à fournir de plus amples détails sur ce point.

De plus, malgré les progrès impressionnants réalisés par un certain nombre d’entreprises en ce qui concerne la transition écologique de leurs bureaux, aucune firme n’a encore abordé l’empreinte carbone croissante et la dépendance à l’énergie « sale » dans leurs chaînes de production. Apple est jusqu’à présent la seule exception, l’entreprise s’étant engagée à atteindre les 100 % d’énergies renouvelables.

Un manque de surveillance des produits chimiques

En 2009, de nombreuses entreprises comme Acer, Apple, Samsung, LG, Lenovo, Dell et HP ont pris des engagements pour éliminer progressivement des composantes chimiques de leurs produits afin d’endiguer le flot de déchets toxiques. Aujourd’hui, seuls les produits Apple et Google en sont complètement dépourvus. Mais la surveillance liée aux produits chimiques concerne aussi leur utilisation dans les usines. La plupart des entreprises recensées par l’étude ont encore du travail pour assurer la sécurité et la bonne santé des travailleurs.

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Les mauvais élèves

Dans le domaine des énergies renouvelables, c’est Samsung qui arrive en dernier. À la fois plus grand fabricant de smartphones du monde et fournisseur de composants-clés pour un grand nombre d’autres marques, l’entreprise sud-coréenne semble pourtant rechigner à entamer sa transition énergétique. Ainsi, 1 % seulement de l’énergie consommée le long de sa chaîne de production provient des énergies renouvelables.

Ses voisins chinois ne font pas non plus figure de modèles. En 2017, les fabricants Huawei, Oppo et Xiaomi occupent ensemble plus d’un quart du marché mondial des smartphones en termes de parts de marché. Pourtant, ils ont un score en-dessous de la moyenne en termes de consommation d’énergie, d’utilisation de produits chimiques et de consommation de ressources. Ils sont également à la traîne en ce qui concerne la transparence de leur chaîne de production.

C’est néanmoins Amazon qui demeure l’une des entreprises les moins transparentes au monde pour ses performances environnementales, comme pour toutes ses informations en général. La firme refuse toujours de communiquer l’empreinte écologique de ses opérations, ne fournit que peu de détails sur son approvisionnement en matériaux recyclés et ne publie aucune restriction sur l’utilisation de produits chimiques dans la chaîne de production, à l’inverse des autres grands leaders du numérique.

L’obsolescence programmée pointée du doigt

Face à la saturation du marché, beaucoup d’entreprises ont réduit la durée de vie de leurs appareils pour accélérer le cycle de remplacement. Apple, Microsoft et Samsung sont les champions dans ce domaine. A contratrio, HP, Dell et Fairphone sont les exceptions notables à cette tendance. Ce problème est d’autant plus important que le traitement des déchets électroniques laisse clairement à désirer, bien que certains fabricants proposent maintenant des solutions de reprise d’anciens appareils. Greenpeace estime ainsi que sur les 65 millions de tonnes de déchets électroniques produits en 2017, seulement 16 % pourront être recyclés. Même si quelques firmes incorporent des plastiques recyclés dans leurs produits depuis plusieurs années, très peu de progrès ont été réalisés dans ce domaine.

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Plusieurs solutions à envisager

Pour finir, le rapport de Greenpeace propose des solutions à ces problèmes. D’abord, il est important que les fabricants d’appareils électroniques améliorent leur transparence et continuent leur transition vers les énergies renouvelables. Ensuite, Greenpeace encourage les leaders de l’électronique à concevoir des produits durables. Ils devraient donc éviter l’obsolescence programmée, limiter l’usage de produits chimiques et favoriser les produits recyclés et recyclables. Enfin, les recommandations de Greenpeace interviennent aussi en fin de vie des appareils. Il faut renforcer les mécanismes de take-back (reprise des vieux appareils en échange d’une ristourne) et améliorer les technologies de recyclage.

Pour plus de détails sur les conclusions de Greenpeace, veuillez consulter le rapport complet.

Raphaël Dahl

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— Rédaction

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