Quand l’IA s’invite dans les médias
Le 7 novembre 2018, l’agence de presse gouvernementale chinoise Xinhua dévoilait son présentateur virtuel du journal télévisé. Cet avatar, manquant de naturel, est une marque visible de l’apparition de l’intelligence artificielle dans les médias. Ces nouvelles technologies peuvent être utiles dans de nombreux cas de figure.
La rédaction automatique
La génération automatique d’articles existe et fonctionne assez bien. Cette technologie est cependant limitée et ne peut répondre qu’aux questions suivantes : « quoi », « qui », « où » et « quand ». Quant au « pourquoi » ou au « comment », l’IA est actuellement incapable de faire preuve d’interprétation pour rédiger quelque chose de sensé.
En France, la société Syllabs, en collaboration avec Le Monde ainsi que L’Express, a créé un outil qui génère automatiquement des textes traitant les résultats de l’élection présidentielle de 2017. Cette IA a permis de couvrir instantanément 36 000 communes, là où les médias traditionnels ne pouvaient s’occuper que de 50 à 100 communes maximum. Syllabs a pour intention de créer un outil qui irait plus loin pour les élections européennes. Des comparaisons avec les résultats des années précédentes ainsi que des datavisualisations seraient également générées.
Une autre application de cette technologie est la création de comptes-rendus de matchs de football de Ligue 1 permettant de couvrir toutes les rencontres là où seule la moitié était analysée par les journalistes.
La détection de nouvelles tendances
L’outil « News Tracer » de Reuters analyse les réseaux sociaux et en extrait de nouvelles tendances. Cet outil a permis de détecter certains attentats ou des catastrophes naturelles avant même que les médias traditionnels ne publient un article sur le sujet. C’est donc un outil puissant pour analyser le flux ininterrompu des données des réseaux sociaux.
L’identification des fausses informations
À l’ère des fakes news, se munir d’outils permettant de distinguer le vrai du faux peut s’avérer très utile. Dans ce cas de figure, une IA est capable de déterminer si le discours d’un homme politique correspond bel et bien aux mouvements de ses lèvres. Elle est également capable de déterminer la photo originale depuis une photo retouchée.
L’aide à la rédaction
Nous vous en parlions déjà dans cet article. Une IA, entraînée sur un corpus d’articles journalistiques, peut aider le journaliste en terminant automatiquement ses phrases. Cette technique permettrait de gagner du temps et de proposer des exemples de formulation au rédacteur.
Autres applications
L’IA peut répondre à de nombreux besoins et permet d’optimiser certains services :
- sur les réseaux sociaux, l’accès au contenu est défini par des algorithmes sur lesquels les médias n’ont pas la main. Leur compréhension devient alors très importante pour gagner en visibilité ;
- une IA est utile pour organiser une veille et ainsi distribuer une revue de presse pertinente et personnalisée à des abonnés ayant défini leurs goûts au préalable ;
- les chatbots, ou générateurs de dialogues, peuvent répondre aux questions des internautes et ainsi proposer des articles en conséquence (20BOT) ;
- une IA peut s’occuper de la gestion des contenus en améliorant l’indexation ainsi que la recherche de contenus ;
- une IA peut également améliorer la monétisation des contenus ;
- le robot Flint met de l’ordre dans le « chaos » de l’information (voir cet article) afin de proposer des articles personnalisés de qualité ;
- des cartographies de l’opinion peuvent être créées par une IA ;
- ce type de technologie peut également investir la prédiction journalistique en déterminant par exemple quels sujets vont séduire le consommateur.
L’intelligence artificielle appliquée aux médias peut se révéler très utile en allégeant la charge de travail des journalistes. En effet, une IA peut s’occuper de certaines tâches pénibles et s’avère plus rapide pour détecter des éléments intéressants (pour des abonnés ou pour le consommateur). Il faut évidemment faire attention à la déontologie ainsi qu’à l’éthique, une rédaction ne peut pas totalement faire confiance à ce type d’outil. Ils consistent principalement en une aide pour le journaliste en le déchargeant du travail fastidieux. En effet, actuellement, une IA est incapable de raisonner ou de faire preuve d’interprétation ou de compréhension, composantes nécessaires au métier de journaliste. Ce type de technologie ne constitue donc pas encore une menace pour la profession.
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— Jean Cheramy