Le prêt numérique en bibliothèque explose pendant le confinement
Alors que la population est confinée, le service de prêt de livres numériques en bibliothèque ne s’est jamais aussi bien porté. Pendant que la plateforme québécoise pretnumerique.ca enregistre des chiffres records, le réseau Carel lance un appel aux éditeurs pour assouplir les règles du prêt numérique en bibliothèque afin de faire face à la demande des utilisateurs.
L’appel du réseau Carel face à l’explosion des demandes de prêts
Le réseau Carel est une association dont le but est de promouvoir l’accès aux ressources numériques en bibliothèques. Face à l’augmentation des demandes de prêts de livres numériques pendant la période de confinement, cette coopération a lancé un appel aux éditeurs pour faire évoluer les règles applicables du prêt numérique en bibliothèque (PNB).
Guillaume de la Taille, président du réseau Carel, explique à Livres Hebdo : « Aucune bibliothèque ne peut multiplier le nombre de licences à l’infini en saine gestion, dans le contexte budgétaire actuel. Lorsque nous, bibliothécaires, achetons aux éditeurs une licence nous permettant de réaliser 30 prêts, nous ne pouvons en prêter que 5 simultanément et, pour en prêter 5 autres, nous devons attendre que les lecteurs aient « rendu » les 5 premiers. Si nous voulons en prêter 10, il faut acheter une 2e licence, 15 une troisième... »
Or, d’après les retours des adhérents du réseau Carel, les demandes de prêts ont doublé, voire triplé, et la tendance se maintient depuis la mi-mars. Guillaume de la Taille ajoute : « Les bibliothèques ne parviennent plus à répondre à la demande, en une période où la lecture n’est pas seulement une activité intellectuelle mais un moyen de supporter la situation de confinement, un temps libre qui, sans livres, peut être un temps vide. »
Livres Hebdo indique que fin mars, Madrigall, Tallandier et Sabine Wespieser avaient déjà répondu favorablement à cet appel en autorisant le prêt simultané de plus de livres sous licences pendant la période de confinement.
Des chiffres records en mars 2020
Une situation qui semble corroborée par les chiffres fournis par pretnumerique.ca, la plateforme québécoise de prêt numérique en bibliothèque fondée en 2012, et rapportés par Actualitté. Depuis le début de la crise pandémique du coronavirus, pretnumerique.ca annonce en effet des chiffres records. Alors que l’on comptait 169 726 emprunts numériques en mars 2019, on enregistre 265 021 emprunts en mars 2020, soit 100 000 de plus que la moyenne mensuelle de l’année dernière !
Depuis la mi-mars, les chiffres explosent. Le 17 mars dernier, la barre des 10 000 emprunts par jour a été atteinte, tandis que 13 299 emprunts ont été enregistrés le 29 mars, contre 5 305 à la même date l’année dernière. L’on peut donc constater que le nombre des emprunts a doublé pendant la période de confinement.
Il en va de même pour les emprunts d’audiobooks. Alors qu’on enregistrait 60 emprunts maximum le 11 mars 2019, la journée la plus calme de mars 2020 indique déjà 75 prêts. La journée record de l’emprunt de livres audio fut aussi le 29 mars : 211 emprunts ont été effectués, contre seulement 48 à la même date l’année précédente !
La jeunesse à l’honneur
Parmi les genres plébiscités par les lecteurs confinés, c’est la jeunesse qui est principalement mise à l’honneur. Alors qu’on enregistrait en moyenne 1 286 emprunts par mois d’ebooks du genre du documentaire jeunesse, ce chiffre est passé à 5 777 en mars 2020, soit une augmentation de plus de 349 %.
La bande dessinée jeunesse, quant à elle, affiche une forte hausse de 329 % par rapport à la moyenne mensuelle initiale. Enfin, les albums et romans jeunesse sont passés de 11 275 emprunts avant le mois de mars à 37 759, soit une augmentation de 235 %.
En dehors de la jeunesse, les prêts de bandes dessinées sont passés de 3 493 à 9 860, affichant une croissance de 182 %. Les essais littéraires enregistrent également une croissance du nombre de prêts de 173 %, tandis que celle de la poésie et du théâtre est de 54 %.
Du côté du roman, par genre :
- les emprunts de science-fiction sont passés de 5 580 par mois en moyenne à 9 181 pour le mois de mars 2020, soit une augmentation de 65 % ;
- les romans sentimentaux, qui représentent déjà le genre le plus prisé sur la plateforme en temps normal, comptent 48 295 emprunts en mars 2020 au lieu des 34 394 emprunts habituels, soit une croissance de 40 % ;
- 39 488 romans policiers et suspenses ont été prêtés sur le mois dernier, soit une augmentation de 35 % ;
- en dernière place, on enregistre une croissance de 28 % dans le nombre de prêts pour les romans historiques.
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— Audrey Voos