Confinement et livres numériques au Royaume-Uni

Comme chez nous, en raison de la pandémie du coronavirus, les ventes de livres chutent au Royaume-Uni : 11 % de moins au cours des six premiers mois de 2020. Les ebooks et livres audio, quant à eux, sont en hausse et atteignent des records de vente ! C’est une année certes difficile pour le secteur de l’édition britannique, mais heureusement, la croissance du numérique a contribué à contrebalancer les baisses des livres imprimés.

Le livre numérique sur le marché en Angleterre

Partout dans le monde, nous entendons parler de plus en plus de l’édition numérique, d’autant plus dans le contexte de pandémie qui lui a servi de tremplin fulgurant. Avant d’en venir aux chiffres précis couvrant cette période de crise, penchons-nous quelque peu sur la situation du livre numérique au Royaume-Uni, en général. Pour cela, nous nous baserons sur les dires de Michael Bhaskar, écrivain, chercheur et éditeur britannique. Pour les plus intéressés, son premier livre The Content Machine: Towards a Theory of Publishing from the Printing Press to the Digital Network est d’ailleurs une exploration académique du passé, du présent et de l’avenir de l’industrie de l’édition.

Selon lui, en Angleterre, le livre numérique représente environ un cinquième du marché global du livre, plus précisément entre 20 et 23 %. Michael Bhaskar précise que le livre numérique est adopté, plus ou moins, c’est selon, par les lecteurs en fonction des genres. En effet, certains types de lectures sont plus populaires que d’autres sous ce format. Par exemple, les livres numériques représentent 70 % du marché des romans sentimentaux ou érotiques. Dans une même perspective, les livres d’histoire, de science ou pour la jeunesse continuent de se vendre principalement sur papier, tandis que les livres numériques de science-fiction bénéficient d’une grande popularité.

Pour lui, l’explication au fait que les livres numériques rencontrent un succès plus important en Angleterre ou aux États-Unis est simple. Il s’agit non pas d’un engouement plus grand de ces pays pour les « gadgets », mais bien d’une question de prix. En effet, en Angleterre, en l’absence d’une loi sur le prix unique du livre numérique que nous en rencontrons chez nous, les prix très bas pratiqués par Amazon ont conduit à une adoption rapide de ce format par les lecteurs.

Concernant la généralisation du livre numérique, un fossé est creusé entre les pays anglo-saxons et les autres. Cela s’explique selon lui de cette façon : « Le monde de l’édition britannique bouillonne de créativité et d’énergie, mais se laisse freiner par des difficultés structurelles. Par ailleurs, un ralentissement du marché numérique commence à s’observer aux États-Unis et au Royaume-Uni. Trois raisons peuvent être avancées : aucun marché ne peut croître indéfiniment et à grande vitesse élevée. De nouveaux modes d’édition, notamment l’autoédition, voient le jour. Les grands groupes au Royaume-Uni ont fait remonter les prix des livres numériques. La partie est cependant loin d’être terminée. »

Pour faire bref, l’édition numérique britannique rencontre un certain succès, mais son expansion semblait ralentir. Qu’en est-il en 2020, année bien particulière ?

Les chiffres engendrés par la pandémie

Un rapport Sales Monitor a été rendu concernant la période de confinement. Effectivement, l’Association des éditeurs (PA) a dévoilé les chiffres de janvier à juin : la valeur totale facturée des ventes des éditeurs britanniques tous formats, est de 1,5 milliard £, contre 1,7 milliard £ à la même période l’année dernière. Ainsi, pour le seul marché britannique, les ventes totales ont baissé de 6 % à 837 millions £, tandis que les exportations ont chuté de 17 % à 653 millions £.

  • Ventes de livres imprimés : chute de 17 % à 1,1 milliard £.
  • Ventes de livres numériques : augmentation de 13 % à 351 millions £.

La récession globale peut principalement s’expliquer par la forte diminution de demandes dans le secteur de l’éducation et des livres professionnels. Est observée une chute d’un sixième à 638 millions £ rien que dans ce domaine. Néanmoins, les autres secteurs sont aussi touchés : les ventes aux clients ont également reculé de 6 % à 852 millions £.

  • Ventes de livres de non-fiction et pour enfants : chute de 16 % et 7 %.
  • Ventes de fictions : augmentation de 13 %.
  • Ventes de livres universitaires : chute de 17 %.

Les performances du livre numérique

Concrètement, au Royaume-Uni, les ventes de livres numériques ont augmenté de 26 % à 125 millions £ :

  • hausse de 24 % pour la fiction ;
  • hausse de 25 % pour la non-fiction ;
  • hausse de 50 % pour les livres numériques pour enfants.

Bref, une montée vertigineuse ! Le bilan est impressionnant :

  • les ventes de livres audio ont connu une augmentation de 47 % à 39 millions £ ;
  • les ventes d’ebooks ont connu une augmentation de 18 % à 86 millions £.

D’ailleurs, l’Association des éditeurs entrevoit des chiffres de ventes record si le rythme se poursuit. Il est vrai que le confinement s’est avéré être l’opportunité pour certains de s’adonner à la lecture et d’occuper leur temps ou celui de leurs enfants. Il s’agit maintenant de voir comment la situation va évoluer.

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— Aline Jamme

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