Les pratiques numériques des éditeurs scientifiques mises en cause au Royaume-Uni

Des chercheurs, étudiants et bibliothécaires réclament l’ouverture d’une enquête sur les pratiques des éditeurs scientifiques en matière de livres numériques au Royaume-Uni. Ils dénoncent des livres numériques devenus inabordables, impossibles à rentabiliser et inaccessibles aux bibliothèques universitaires. Le format numérique est pourtant devenu un indispensable depuis le début de la pandémie.

La loi britannique sur le droit d’auteur

Plus de 1 500 personnes ont souscrit à l’appel adressé au gouvernement britannique par des chercheurs, des bibliothécaires et des étudiants. Le collectif réclame une enquête sur les pratiques des éditeurs scientifiques concernant les ouvrages académiques vendus au format numérique aux bibliothèques universitaires.

Avec le confinement, puis les restrictions sanitaires prises, « le livre numérique est devenu la seule option » pour les établissements. Or, « en raison de la loi britannique sur le droit d’auteur, les bibliothèques universitaires ne peuvent pas simplement acheter un livre numérique de la manière dont un lecteur individuel le peut – nous sommes tenus d’acheter une version sous licence, spécifiquement pour une utilisation universitaire », explique le collectif.

Cette demande d’enquête souligne une série de problèmes :

  • seuls 10 % des publications scientifiques seraient accessibles au format numérique ;
  • les établissements font face à une interdiction de scanner l’intégralité d’un livre imprimé présent dans leur collection ;
  • les prix des livres numériques sont particulièrement volatils en l’absence d’encadrement : « Nous pouvons citer au moins deux éditeurs scientifiques qui ont augmenté leurs prix de 200 % sans avertissement. »

Coûts croissants

La situation ne ferait qu’empirer avec les années, dénoncent les professionnels à l’origine de l’initiative. Les éditeurs poussent en effet au renouvellement régulier des licences des titres numériques, une pratique qui n’avait pas lieu d’être pour le format imprimé. Le recours à des sociétés tierces, notamment pour l’accès aux manuels scolaires numériques, aboutit enfin, selon le collectif, sur de nouveaux frais payés par les étudiants.

La crise sanitaire favorise vraisemblablement les enseignements à distance et le recours aux outils numériques, renforçant les besoins et les frais en la matière. « Quelques acteurs clés monopolisent le marché et, avec le manque de concurrence ou d’options alternatives, nous pouvons soit payer des prix exorbitants, soit ne pas acheter du tout de livres numériques – cette option devenant la règle, car nos budgets ne couvriront pas le coût souvent exorbitant des ebooks. »

Quels soutiens ?

L’appel à l’ouverture d’une enquête a donc réuni un peu plus de 1 500 signatures. Cette initiative a aussi obtenu le soutien du consortium des universités londoniennes, le National Acquisitions Group, organisation consacrée à la gestion et au développement des ressources en bibliothèques, ainsi que celui du Chartered Institute of Library and Information Professionals (CILIP), qui réunit des professionnels des bibliothèques.

Source : https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/numerique-les-pratiques-des-editeurs-scientifiques-condamnables/103193

Ailleurs sur Lettres Numériques :

Retrouvez Lettres Numériques sur TwitterFacebook et LinkedIn.

— Cynthia Prévot

Share Button