Dans les coulisses de l’enregistrement d’audiobooks avec Guila Clara Kessous

Depuis quelques mois, l’audiobook provoque un large engouement et fait la une de l’actualité dans le monde du livre. Cette semaine, Lettres Numériques vous emmène dans les coulisses de l’enregistrement de ce format à travers le portrait de l’actrice et metteuse en scène Guila Clara Kessous, élue artiste pour la paix par l’UNESCO en 2012. Depuis maintenant quelques années, Guila prête sa voix pour l’enregistrement d’audiobooks.

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Pourriez-vous nous résumer votre parcours ?

Après avoir étudié au conservatoire de Paris, j’ai choisi de continuer mes études à l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales. À la fin de mon MBA, je me suis inscrite à l’université de Boston, où j’ai eu l’incroyable chance de poursuivre une thèse de doctorat sous la direction d’Elie Wiesel pendant 6 ans pour traduire et mettre en scène ses pièces de théâtre (N.D.L.R. : survivant de la Shoah, Elie Wiesel a reçu le prix Nobel de la Paix en 1986 pour son travail de conscientisation, notamment grâce à son témoignage, La Nuit). J’ai ensuite voyagé dans plusieurs pays dans une optique humanitaire. Finalement, Harvard m’a proposé d’organiser un cours intitulé « Théâtre et droits humains ». Aujourd’hui, je partage donc mon temps entre les États-Unis et la France, où j’enseigne dans plusieurs écoles. Je donne également des formations de coaching en entreprise.

Comment avez-vous commencé à enregistrer des audiobooks ?

À travers le théâtre et la mise en scène, l’un de mes objectifs a toujours été de donner une voix à ceux qui n’en ont pas et de promouvoir les droits humains, et l’audiobook constitue également un moyen idéal de satisfaire ce besoin.

De plus, le livre audio s’avère très utile en tant que support de mes différentes activités :

  • l’enseignement ;
  • le coaching en entreprise ;
  • la mise en scène.

Il m’a donc paru naturel de me tourner vers cette activité.

Vous enregistrez des livres audio en français, votre langue maternelle, mais aussi en anglais. Avez-vous suivi un entraînement particulier ?

La maîtrise de l’anglais m’est venue au fil du temps en vivant dans le pays. Cela dit, j’ai effectivement beaucoup travaillé sur certaines prononciations et sur les intonations en général, qui sont très différentes en anglais et en français. Aujourd’hui, je me sens tout à fait à l’aise pour enregistrer dans les deux langues.

Comment préparez-vous l’enregistrement ? Effectuez-vous un travail sur le texte ?

Tout d’abord, je lis le texte en entier afin de bien en saisir l’intrigue et l’atmosphère. Ensuite, je repasse sur le texte en soulignant certains passages au niveau de la prononciation et de l’intonation.

Concernant le texte, nous le retravaillons très rarement lorsqu’il s’agit de fiction. Par exemple, pour L’Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb, nous avons tout lu tel quel. En revanche, lorsqu’il s’agit de livres plus pratiques, du développement personnel par exemple, il nous arrive de retravailler certains passages afin de raccourcir les phrases trop longues. Ce travail peut être effectué directement par l’auteur, la maison d’édition ou moi, cela dépend un peu des projets.

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Comment les projets se mettent-ils en place généralement ?

En général, je suis souvent contactée par des auteurs directement, mais je reçois également régulièrement des demandes des maisons d’édition. Il m’arrive également d’enregistrer un texte qui me tient particulièrement à cœur avec la complicité d’un auteur, puis de contacter un éditeur de livres audio afin de voir s’il est intéressé. Si c’est le cas, nous essayons ensuite de trouver une maison d’édition qui accepte de le publier.

Au niveau de l’enregistrement à proprement parler, pour l’instant, j’ai toujours enregistré dans un studio, avec une personne qui m’écoute et me guide, mais je viens juste d’acquérir le matériel afin d’enregistrer depuis chez moi. Quant aux horaires, on peut passer une journée entière à enregistrer, avec des petites pauses régulières.

Quels sont les aspects de ce métier qui vous plaisent le plus et ceux qui vous semblent plus difficiles ?

Le plus facile, c’est sans hésitation l’enregistrement. Une fois que le texte est préparé, l’enregistrement se fait de manière naturelle, même si cela demande évidemment beaucoup de concentration, peut-être même plus que de jouer au théâtre.

Le seul côté frustrant de ce métier, c’est lorsque l’on s’implique dans un projet à la demande d’un auteur ou de sa propre initiative et que celui-ci est refusé. Il peut parfois être difficile de trouver une maison d’édition qui accepte de prendre en charge un projet de livre audio.

Êtes-vous personnellement adepte des livres audio ?

Même si je préfère la lecture silencieuse, il m’arrive en effet très régulièrement d’écouter des livres audio. Si le livre audio est une solution idéale pour les personnes atteintes de troubles visuels, c’est également un média essentiel dans notre société actuelle où les gens ont de moins en moins le temps de lire. Il s’agit de plus d’une nouvelle forme d’expression artistique.

Quelques vidéos pour découvrir le travail de Guila Clara Kessous :

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional