Le numérique s’invite à la réforme du bac français

Relayant désormais les actualités en lien avec les innovations au sein des industries numériques culturelles et créatives, la veille du Labo de l’édition a récemment été rebaptisée « Creative brains ». Focus sur un de leurs premiers dossiers concernant l’éducation. Au programme, la réforme du baccalauréat français qui prévoit une nouvelle discipline : les humanités numériques et scientifiques.

Dans son dossier sur l’éducation, Creative brains expose les contours de la future réforme du baccalauréat annoncée le 14 février dernier par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale française. Promise par Emmanuel Macron durant sa campagne, la réforme du bac progresse en incluant des thèmes concrets discutés depuis plusieurs années dans le secteur éducatif. D’une part, le système d’évaluation sera adapté pour laisser plus de place à la notation en continu et à l’oral. D’autre part, de nouvelles orientations, plus nombreuses et plus précises, appelées « spécialités » seront créées pour faciliter les choix d’avenir des lycéens qui ont encore souvent du mal à trouver leur voie.

Penser dans un monde numérique

Cette réforme vise à préparer les élèves à leur future vie professionnelle et citoyenne, mais aussi aux grandes transformations technologiques de demain. Dans cette optique, le Ministère de l’Éducation propose donc un troisième volet, axé sur le numérique. Une nouvelle matière viendra accompagner le tronc commun des lycéens composé des traditionnels cours de français ou d’histoire-géo : les humanités numériques et scientifiques. Selon Jean-Michel Blanquer, cette discipline « donnera à tous les lycéens les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXIe siècle en approfondissant les compétences numériques de l’élève ainsi que sa compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique, etc.) ».

Une réforme trop légère

Préparer les étudiants au monde numérique est inévitable à l’évolution du secteur de l’éducation. Aussi, certains acteurs estiment que la réforme n’est pas assez poussée. En effet, elle est exclusivement destinée aux lycéens, les étudiants des deux dernières années secondaires. Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir, qui milite pour la mise en place d’un enseignement de la culture numérique et de la programmation bien avant le lycée, estime que les jeunes doivent acquérir les connaissances techniques des métiers du numérique pour répondre au besoin croissant des entreprises en nouveaux métiers comme le développement web/mobile ou encore la cybersécurité. La seule compréhension du monde numérique n’est donc pas suffisante, les jeunes doivent en devenir les prochains acteurs et le système éducatif doit les y préparer.

Des projets encourageants

Des écoles comme Simplon, 42 et Pop School proposent déjà des formations aux métiers du numérique en accueillant des jeunes de tous horizons, sans diplôme particulier. Leur but : inclure des personnes en réorientation ou en décrochage scolaire dans des projets d’avenir, un exemple à suivre pour le circuit traditionnel qui manque encore souvent de programme d’inclusion et de formation pratique. Dans un autre registre, la Région Ile-de-France lançait en 2017 « <Code ton lycée> », un concours destiné aux lycéens, en partenariat avec Simplon.co et Open Digital Education, éditeur du réseau social éducatif « Monlycée.net ». L’objectif était de les familiariser au secteur numérique en leur proposant de personnaliser eux-mêmes leur plateforme de partage éducative à travers de nouvelles applications. Le vote a été soumis aux élèves et professeurs de 270 lycées franciliens utilisant le réseau pour élire 5 projets. Les apps gagnantes seront développées par Open Digital Education et Simplon pour la prochaine rentrée scolaire.

LogoCTL

Malgré les premières critiques, le Ministère de l’Éducation montre à travers ce projet son envie de faire évoluer le système éducatif. Il s’est d’ailleurs adjoint un Comité scientifique présidé par Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France, afin de comprendre les processus mentaux qui permettent l’apprentissage. Une condition importante à la mise en place d’un enseignement en accord avec les nouvelles évolutions technologiques. La réforme de l’enseignement secondaire est prévue pour 2021.

À relire sur Lettres Numériques :

Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.

— Aude Luyckx

Share Button