NumaBib, la bibliothèque numérique pour les élèves en difficulté

À l’initiative des éditeurs scolaires francophones de Belgique, la plateforme NumaBib verra très prochainement le jour. Elle s’inspire du projet flamand ADIBib, un service de numérisation d’outils scolaires pour les élèves avec des difficultés de lecture et/ou d’écriture, qui fonctionne depuis six ans. Alors que se déroule en ce moment le Salon EDUC, Lettres Numériques a interrogé Patrick Hermans, Business Unit Manager aux éditions Van In, qui détaille le projet.

Pourriez-vous présenter ADIBib, l’initiative flamande qui a précédé NumaBib ?

Le projet ADIBib, qui existe depuis 2011 en Flandre, est une initiative de l’organisation Eureka à Louvain et du Ministère de l’enseignement en collaboration avec les éditeurs qui appartiennent à l’équivalent de l’ADEB scolaire en région flamande. Ce service s’adresse aux élèves et aux parents des élèves qui connaissent des limitations dans leur communication écrite : il s’agit notamment d’enfants dyslexiques ou malvoyants, et qui ne peuvent pas assister à un cours avec les supports habituels utilisés en classe.

Du point de vue technique, ADIBib propose la numérisation des ouvrages scolaires publiés en papier pour les rendre lisibles au format audio. Grâce à l’utilisation d’un software spécifique – préalablement installé sur un ordinateur portable par exemple – qui traduit le contenu de l’ouvrage en texte parlé, l’élève peut suivre ses cours normalement.

Quelle est l’origine de NumaBib ?

En Wallonie, cela fait deux ou trois ans qu’une demande similaire se fait sentir parmi les parents d’élèves. Par exemple, cette année, nous avons enregistré 300 requêtes de ce type chez Van In. D’une manière très naturelle et logique, l’idée est alors venue de s’inspirer du système mis en place par ADIBib, qui a manifesté dès le départ un grand enthousiasme dans le lancement de son pendant francophone.

ApedaC’est l’Apeda, l’Association belge de Parents et Professionnels pour les Enfants en Difficulté d’Apprentissage, qui a été choisie comme partenaire pour porter le projet. Elle se charge de toute la partie production des fichiers numériques et de la communication avec les parents (traitement des demandes et information sur les ouvrages disponibles). Comme en Flandre, les éditeurs scolaires francophones sont réellement impliqués dans le projet et travaillent de manière proactive à la constitution de bibliothèques d’ouvrages.

De quelle manière les éditions Van In se sont-elles impliquées dans le projet ?

Il faut souligner que tous les éditeurs scolaires s’étaient alignés sur la nécessité de créer ce service. Au moment de trouver un partenaire, j’ai pris contact avec l’Apeda par l’intermédiaire de l’un de mes éditeurs et c’est de cette manière, un peu par hasard, que j’ai pris la main sur le projet.

En tant qu’éditeur, on ne peut pas refuser d’effectuer une migration digitale du contenu de ses ouvrages pour aider les élèves en difficulté, mais cela représente un travail assez lourd au niveau pratique. Cette initiative qui prend en charge la numérisation est donc très intéressante pour nous, tout autant que pour les parents d’élèves : ils peuvent envoyer leurs demandes et trouver tous les contenus sur une plateforme centralisée.

eurekaadibib

Concrètement, qui pourra utiliser NumaBib et comment ?

Le service proposé par NumaBib s’adresse exclusivement aux enfants en difficulté de communication écrite afin de pallier à un handicap. Pour éviter les abus, l’unique condition pour introduire une demande est de fournir une attestation de handicap de l’enfant.

NumaBib permet d’obtenir gratuitement la version numérisée d’un livre pour lequel la version papier a été achetée. La gratuité du service est assurée grâce au financement privé de la fondation Astralis.

En Flandre, ADIBib est récemment allé encore un peu plus loin : désormais, les enfants dyslexiques peuvent disposer gratuitement du software de lecture. En Wallonie, ce sont encore les parents ou l’école qui doivent financer l’acquisition de ce programme.

Une date a-t-elle été fixée pour le lancement de la plateforme ?

Nous espérons pouvoir ouvrir le service et mettre la plateforme en ligne avant la fin de l’année 2017. Les dernières mises au point pratiques et contractuelles sont en cours, le site est en construction et sera à l’image du site flamand.

Dans un premier temps, l’Apeda mettra à disposition les publications qui remportent le plus de succès sur le marché et qui ciblent les tranches d’âge les plus demandées (citons notamment Actimath et Tandem chez Van In).

Je tiens à nouveau à insister sur l’enthousiasme qu’a éveillé le projet tant chez les parents concernés, qui l’ont accueilli avec un véritable soulagement, qu’au sein de l’Apeda et d’ADIBib, qui partage volontiers son expérience en Wallonie. Il s’agit là d’un très bel exemple de collaboration au-delà des frontières linguistiques.

Propos recueillis par Loanna Pazzaglia

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— Loanna Pazzaglia

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