Le parcours d’auteur auto-édité de Géry de Pierpont

Ancien collaborateur de la Maison des Auteurs à Bruxelles, Géry de Pierpont s’est lancé le défi quelque peu fou de rééditer son premier roman, La rivière contrariée, en tant qu’auteur auto-édité. Récit de son parcours plein de péripéties.

D’où vous est venue cette idée de rééditer votre premier roman ?

La Rivière contrariéeJ’avais édité un roman historique en 2001 chez un éditeur traditionnel. J’y avais travaillé pendant 10 ans avec une recherche archéologique importante. En tant qu’archéologue de formation, j’avais mené de nombreuses recherches que j’avais au final « enrobées » d’une intrigue plausible. Quelque temps après la publication de mon premier roman, qui avait connu un beau succès pour un premier livre en écoulant 1300 exemplaires,  mon éditeur est tombé en faillite. Cette relation ne m’avait pas vraiment convenu. Je n’avais pas aimé la mise en page du livre et compte tenu des difficultés financières de mon éditeur, je n’ai jamais été rémunéré. J’en retiens quand même des éléments très positifs : un très bon accueil de la presse, un prix quinquennal du roman historique. Lorsque le numérique s’est développé, je me suis dit que c’était trop bête. On continuait à me demander le livre. Que pouvais-je en faire sinon lui donner une seconde vie ?

Comment vous êtes-vous formé à l’édition numérique ?

J’ai suivi les formations du PILEN grâce à la Maison des Auteurs. J’ai lu les recommandations de Jiminy Panoz, prodiguées dans ses ebooks. J’ai téléchargé Calibre et Sigil. J’avais envie d’essayer et de tester la publication en ligne. Après mon activité à la Maison des Auteurs, j’ai pensé un temps évoluer vers la consultance dans l’autopublication numérique. Je me suis lancé et ça m’a pris un temps infini.

La relecture du manuscrit, corriger le tir pour intégrer les nouvelles découvertes historiques et corriger le style m’ont pris quelques semaines. Ensuite est venue la phase de numérisation a proprement dite, j’ai essayé de convertir mon manuscrit dans les différents formats. Je suis parti d’OpenOffice, puis je suis repassé en word, dans lequel j’ai fait une mise en page qui n’était pas respectée sur ePub. Donc j’ai bricolé sur Sigil et puis j’ai réussi à faire mon fichier Kindle.

Comment avez-vous procédé pour la distribution ?

J’ai utilisé le système Kindle Direct Publishing. C’est très facile, on poste le fichier et les métadonnées, ils se chargent des différents checks techniques et renvoient un feedback. J’ai donc reçu 3 ou 4 versions intermédiaires qui me permettaient, grâce à un programme, de faire des vérifications sur tous les supports Kindle. Je n’étais pas au bout de mes surprises : entre les différents rendus, je perdais pour les premières liseuses des éléments de mises en page.

Dans un deuxième temps, j’ai finalisé une mise en page papier grâce à Createspace, le partenaire d’Amazon pour l’édition à la demande. Ce qui m’a marqué à ce stade-là, c’est le traitement de l’auteur. Nous sommes choyés dès le début de la procédure, grâce à des messages claires et précis, ils vous encouragent vraiment.

Avez-vous fait appel à un graphiste ?

Oui, pour la couverture. J’ai longuement réfléchi et je ne voulais pas la créer moi-même sur des programmes comme Photoshop. J’ai donc fait appel à un designer de couverture qui m’a coûté $350. Sur les conseils de mon amie, l’auteure Cécile Chabot, j’ai réfléchi au concept. Je souhaitais mettre en avant le côté roman historique. La version choisie suscite des réactions très opposées. Elle parait kistch aux professionnels, mais le grand public est très réceptif.

Quelles démarches avez-vous effectuées pour la diffusion et la promotion du livre ?

Je voulais lancer cela fin juillet, mais la date de lancement d’un livre est un élément très difficile à maitriser en numérique. C’est très difficile d’être au point sur les plateformes de distribution au même moment. Je ne voulais pas travailler avec un service de distribution comme Immatériel donc j’ai choisi Smachwords. Le livre fut donc très rapidement mis en ligne sur ce site et puis dans la foulée sur les plateformes de Sony, Kobo, Barnes and Nobel, etc. La seule plateforme a refusé mon livre fut l’iBbookstore parce que j’ai fait une erreur de débutant. J’avais en effet introduit une page promotionnelle à la fin du livre qui renvoyait vers les différentes boutiques en ligne et Apple a tiqué. J’ai mis du temps à comprendre. J’ai  dû recommencer mon ePub et la procédure. Cela peut décourager.

En ce qui concerne la promotion, j’ai créé une page Facebook et j’ai été actif sur Twitter et Pinterest. J’ai créé un site internet et envoyé une newsletter. Sur mon site, je renvoie vers les librairies des partenaires, j’expose les commentaires originaux parus lors de la 1re édition du livre, des extraits de presse, etc. J’ai aussi référencé le livre sur Babelio. J’ai d’ailleurs essayé de le soumettre au programme masse-critique. Mais ce programme n’est pas accessible aux auteurs autoédités. Je me suis néanmoins servi de la plateforme pour générer mon propre bouche-à-oreille et j’ai obtenu des retours très positifs.

Un mois après le lancement du livre sur Amazon, difficile de tirer un bilan des ventes. J’attendrai Noël pour le faire.

Quel bilan pour cette expérience ?

Je suis très heureux d’avoir pu tester la « mécanique » du livre numérique mais je ne vais pas continuer dans la numérisation à titre professionnel. J’ai en effet décidé de retourner à la promotion du patrimoine. J’ai pour projet de lancer un site de tourisme innovant. Grâce à cette expérience et la réflexion qui en a découlé, j’ai pu constater qu’il y avait un vrai plaisir à lire un roman dans un endroit dont l’histoire est inspirée. On vit une double expérience vraiment intéressante. Mon objectif est de croiser les deux, romans et lieu, conjonction de démarche culturelle en quelque sorte. On ne livre plus un livre mais une émotion, un endroit où loger, des œuvres à savourer, une ambiance à découvrir, une musique qu’on pourrait écouter. C’est mon prochain défi.

Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.

— Stéphanie Michaux

Share Button

Stéphanie Michaux

Digital publishing professional

Laisser un commentaire