Ordyslexie, un atout numérique pour l’enseignement aux dyslexiques
Ordyslexie est un cartable numérique qui comporte des solutions pour faciliter l’enseignement aux enfants souffrants de difficultés d’apprentissage, qu’il s’agisse de dyslexie, d’autisme ou de surdité. Ce système a été imaginé et mis au point en 2012 par l’ingénieur et pilote de ligne français Denis Masson, père de trois enfants dyslexiques. L’organisme Ordyslexie fait partie du réseau Technology for Social Good qui regroupe quelque 24 organismes et 400 000 personnes. Focus sur ce projet.
Un trouble du langage plus répandu qu’il n’y paraît
La dyslexie, selon Denis Masson, « […] est une véritable difficulté à automatiser la langue : la lecture, l’écriture, l’organisation ». D’après un rapport de l’Institut Montaigne réalisé en 2010, 150 000 enfants sortent chaque année du système scolaire sans diplôme. Si l’on croise ce chiffre avec les données disponibles concernant les enfants dyslexiques, 100 000 de ces élèves en échec seraient dyslexiques. Selon l’APEDA, « la dyslexie toucherait environ 5 à 10 % de la population (2 élèves par classe !), davantage les garçons que les filles ». La gestion ainsi que l’amélioration de l’enseignement aux « dys » demandent donc de nouveaux outils pour éviter au maximum les déscolarisations.
Genèse du projet
Ordyslexie est né de l’esprit de Denis Masson qui, fort de ses expériences personnelles et professionnelles, a voulu créer un outil afin de faciliter et d’encourager l’enseignement aux dyslexiques. Ayant constaté que « 35 % des élèves atteints d’un trouble d’apprentissage décrochent du secondaire » et qu’un « enfant ‘dys’ souffrait de difficulté d’utilisation du papier », le père de famille a eu l’ingénieuse idée de se tourner vers le numérique pour proposer une aide à l’enseignement. Après un travail de longue haleine en collaboration avec orthophonistes, psychomotriciens et enseignants, le projet a finalement vu le jour en 2012.
Comment fonctionne Ordyslexie ?
Le cartable se présente sous la forme d’un bloc-notes intuitif composé d’une tablette, d’un scanner à défilement et d’un stylet. La suite logicielle est basée sur Microsoft One Note qui, modifié pour les besoins des dyslexiques, leur offre un environnement beaucoup plus pratique. En effet, l’outil de Microsoft s’est vu agrémenter d’un système d’intercalaires par matière ou encore de pages virtuelles (après avoir scanné les copies distribuées par l’enseignant) pour s’adapter aux besoins de l’école. L’utilisation d’un tel programme permet de faciliter grandement le processus d’enseignement. En effet, dans l’environnement classique, les retards surgissent parce que « […] l’attention de l’enfant va être occupée sur le langage et non sur la tâche d’apprentissage », affirme Denis Masson.
Le format papier n’est pas approprié pour les dyslexiques, la calligraphie parfaite d’un clavier permet donc de pallier la difficulté de tracer les lettres.
L’initiative d’Ordyslexie offre également la possibilité d’utiliser une dictée vocale pour inscrire les réponses de l’élève ou encore un système de synthèse vocale pour se faire lire les consignes d’exercices. La fonctionnalité du copier-coller se révèle également un précieux outil, évitant à l’enfant un travail laborieux d’écriture. De plus, selon Denis Masson, « […] pour des enfants dont le défilement rétinien est limité, empêchant de lire plus de trois ou quatre mots à la fois, jouer sur les polices et l’écartement des caractères suffit à résoudre certains problèmes ». C’est grâce à un don de 2 000 tablettes d’Air France qu’Ordyslexie a pu réaliser des mesures concrètes pour, aujourd’hui, rassembler une communauté de 3 000 « ordyslexiens ».
Avenir et consortium
Un consortium a vu le jour en 2016 entre Ordyslexie et trois autres entités :
- Microsoft ;
- une équipe de chercheurs spécialisés dans le langage de l’Université Jean Jaurès de Toulouse ;
- la société Synapse Développement, experte en intelligence artificielle.
C’est grâce à l’union de ces différentes compétences que les quatre organismes ont remporté un appel à projets auprès du Ministère du Handicap afin de créer un logiciel d’assistant langage. Ce projet a été valorisé à hauteur de 1,5 million d’euros par BpiFrance.
Ce programme, qui devrait être prêt pour 2020, sera en mesure d’analyser les erreurs de grammaire et d’orthographe des élèves, leur proposant ensuite de revoir les règles qui ont posé problème. Cette intelligence artificielle mise au point par Synapse Développement sera nourrie par des textes d’utilisateurs collectés par l’équipe de recherche de l’Université Jean Jaurès.
Ordyslexie, qui se limitait au départ à la volonté d’un père de faciliter l’enseignement pour ses enfants, voit désormais des équipes composées d’experts venir nourrir l’ambition d’un projet qui se veut salvateur pour des milliers d’enfants dyslexiques.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site.
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— Jean Cheramy