HADOPI : Baromètre 2019 de l’offre légale de biens culturels numériques
L’HADOPI, Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet, a publié son rapport annuel sur les offres légales de biens culturels numériques disponibles en France pour l’année 2019. Lettres Numériques revient sur les résultats de cette étude.
Le cadre de l’étude
Le Baromètre de l’offre légale de biens culturels est réalisé sur une base annuelle depuis 2011, dans le but de mieux comprendre les habitudes des consommateurs.
Offre légale, car seuls les sites internet respectueux des droits d’auteurs sont étudiés dans le Baromètre, après avoir été recensés selon le respect d’un certain nombre de critères. 74 % des sites étudiés sont basés en France, le reste est européen, ou international.
Par biens culturels, on entend huit types de contenus : livres numériques, musique, vidéo à la demande, télévision de rattrapage, jeu vidéo, image, réalité virtuelle et enfin podcast.
Les résultats du Baromètre font suite d’une part à l’analyse des données des sites référencés, et d’autre part, à un sondage Mediametrie réalisé en octobre 2019 sur un échantillon de 4 679 personnes âgées d’au minimum 15 ans.
Une vaste offre de livres numériques
L’offre légale en matière de livres numériques est largement en première place avec 182 sites internet référencés sur un total de 459, soit 40 % de la totalité des offres de contenus étudiées. De plus, elle est jugée satisfaisante par les sondés, avec une note globale de 7,1 sur 10, à égalité avec les jeux vidéo. Cette note place l’offre d’ebooks en quatrième position derrière les services de musique, d’audiovisuel et de logiciels.
L’offre légale de livres numériques est composée à 47 % de sites payants, 12 % de sites gratuits, et 41 % de sites hybrides. L’offre est dite de qualité, riche et d’actualité, et est notée 7,2 sur 10 concernant son rapport qualité-prix. Elle se situe ainsi en première position sur ce critère, devant tous les autres biens culturels étudiés. Un prix du livre numérique jugé juste, donc, et qui n’effraie plus la clientèle, contrairement au passé.
Par opposition à d’autres contenus notamment dans le domaine de l’audiovisuel, où la tendance à l’abonnement s’intensifie fortement ces dernières années, 84 % des sites payants et mixtes proposant des livres numériques pratiquent un système d’achat à l’unité, contre 12 % seulement pour un système d’abonnement, et 4 % pour un système hybride. Les librairies en ligne ne prévoient en effet majoritairement pas de services d’abonnement, ce qui les rapproche encore une fois de la pratique en matière de jeux vidéo.
81 % des sondés utilisent les sites légaux gratuits de livres numériques, 33 % achètent également des livres à l’unité, et 27 % ont un abonnement. Globalement, la moitié des consommations sont effectuées de manière payante.
Concernant l’offre illégale de livres numériques disponible sur Internet, qui utilise des contenus piratés, elle est elle aussi vaste et diversifiée. Certes, 73 % des sondés affirment se cantonner à l’offre légale, mais 24 % consomment toujours de manière hybride, avec plus ou moins d’activité illicite, et 3 % exclusivement sur des sites pirates. Pour ces derniers, le choix de l’offre illégale s’explique par la diversité et la gratuité de celle-ci par rapport aux offres légales.
Une clientèle encore timide
Malgré ces résultats positifs, le livre numérique ne semble pas encore faire l’unanimité. En effet, le Syndicat National de l’Édition indique que seuls 8,7 % du chiffre d’affaires des maisons d’édition provenait en 2019 du marché de l’ebook, ce qui est moindre en comparaison aux autres secteurs étudiés.
En effet, selon le rapport HADOPI, près de 90 % des Français se déclarent lecteurs et ont lu au moins un livre, tous formats confondus, en 2019. Pourtant, seulement 22 % lisent des livres numériques de façon régulière. L’offre légale en matière de livres numériques ne semble donc pas avoir encore réussi à fidéliser sa clientèle, contrairement à ce qui est constaté dans l’audiovisuel ou pour les contenus musicaux.
Qui plus est, le choix d’une offre légale de livres numériques plutôt qu’une autre est largement le fruit de recommandations, car ce secteur ne répond pas encore à une logique d’exclusivité, que développe notamment le système de l’abonnement.
Cependant, l’HADOPI mise sur une augmentation de ces chiffres en 2020, avec 62 % des consommateurs qui affirment accéder à plus de biens culturels numériques depuis la pandémie. Espérons donc que la situation actuelle pourra au moins contribuer à pousser plus de lecteurs vers la découverte de l’offre légale de livres numériques, déjà jugée satisfaisante par ses usagers.
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— Nausicaa Plas