Conférence sur la digitalisation et l’écoresponsabilité : les nouveaux enjeux du monde de l’édition

Faire rimer développement durable et édition ? Guillaume Wallut a relevé le défi en fondant Cent Mille Milliards. Le jeudi 20 mai, il donnait une conférence afin de présenter son projet et de débattre sur les nouveaux enjeux du monde de l’édition. Lettres Numériques y était présent pour vous faire le compte rendu.

Le fondateur

Avant de lancer une maison d’édition 100% durable en 2013, Guillaume Wallut a travaillé chez POL puis Positif avant d’entrer chez Gallimard. En 2013, il a également été auditeur du CHEDE.

La maison d’édition

Cent Mille Milliards porte son nom en référence au recueil de poèmes écrit par Raymond Queneau. Cent mille milliards de poèmes est un livre animé de poésie combinatoire publié en 1961. En réalité, il a écrit dix sonnets dont il a découpé chaque vers de sorte à ce que ça donne cent mille milliards de sonnets, tout aussi réguliers. Dans sa préface, Raymond Queneau annonce qu’il faudrait à peu près deux cents millions d’années, en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour lire l’entièreté du recueil.

Guillaume Wallut est convaincu qu’on vit actuellement un basculement majeur de l’édition. Pour lui, Raymond Queneau exprime l’infini des possibilités. L’édition ne repose plus seulement sur le principe de faire exclusivement des livres papiers et de les vendre en librairie. Nous sommes à un tournant, où l’infini des possibilités s’offrent à nous. Aujourd’hui, la technologie et les nouvelles méthodes nous permettent d’exploiter les contenus. 

La ligne éditoriale

Il lui avait été conseillé de se spécialiser pour qu’on le remarque, mais comme il lit de tout, touche à tout, il a désiré publier de tout, car le monde d’aujourd’hui s’ouvre à tout. Il y a un public pour tout ça. De plus, il avait peur que s’il se spécialisait, quelqu’un allait venir le concurrencer.

Petit à petit, il s’est rendu compte de sa ligne éditoriale en fonction des livres qu’il sélectionnait : le monde est en train de changer, est à un point de basculement, et il existe un besoin de prendre nos racines dans l’après-guerre. Selon lui, pour savoir si ce sera un bon livre, il faut qu’en le lisant la première fois, il y ait un choc, une émotion, une urgence. Il faut expliquer ce qui va se passer demain en cherchant dans les racines du vingtième siècle. Même si on souhaiterait oublier cette période d’après-guerre, tout vient de là. 

D’après lui, nous sommes devenus plus flexibles. Le monde change à grande vitesse, donc il faut s’adapter. Le monde de l’édition en France est très flexible. Alors, Guillaume Wallut essaie de s’adapter en publiant de manière écoresponsable. 

L’écoresponsabilité

Guillaume explique qu’il ne s’agit plus de faire des livres pour les détruire neufs. Il est plus rentable d’imprimer à la demande jusqu’à 3000 exemplaires. Les libraires reçoivent le livre s’ils le commandent. Les livres sont alors imprimés en petit exemplaire et attendent, au lieu d’être imprimé, envoyé, retourné alors que d’autres sont envoyés en même temps. Guillaume ne veut plus produire pour produire, pour survivre ; il souhaite se focaliser sur la vraie production de bons livres. Faire un livre pour faire un bon livre.

Selon lui, une maison d’édition est une famille et non une industrie dont les pots de yaourt ont une date de péremption. Les livres ont un poids littéraire et une gravité qui tient dans le monde d’aujourd’hui. Dans deux ans, on en parlera encore. Des livres sorties en 2014 se vendent encore et sont encore disponibles, c’est important pour lui.

La digitalisation, selon Guillaume Wallut, n’est pas tant dans le sens de lecture numérique mais comme raccourci dans la chaine de l’édition pour entrer dans un système plus écoresponsable. En plus de bien imprimer, avec des matériaux écoresponsables, ils vont à la source même du contenu, ils le recherchent.  

Il existe des lecteurs pour les livres en librairie, d’autres livres pour les entreprises, mais il y a des gens qui ne lisent pas et il faut trouver des moyens, des contenus pour qu’ils lisent, tels qu’exploiter des moyens de raconter en image, en livres audio, en numérique… Mais les jeunes sont sur les réseaux sociaux, donc des partenaires financiers se sont penchés sur ce modèle. Les réseaux sociaux sont également exploités pour toucher un autre public et se démarquer du flot de livres qui sortent chaque année, surtout lors de la rentrée littéraire. 

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— Emiline Gambacorta

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