Rencontre avec Julien Gueniat, l’organisologue qui vous apprend à gérer votre cerveau numérique
« Vous avez cette idée qui vous vient à l’esprit mais vous ne savez pas où l’enregistrer rapidement et facilement, alors vous la gardez en tête et vous espérez ne pas l’oublier. Au fil des heures, vous avez des dizaines d’idées en tête : des gens à appeler, des tâches à faire, des rendez-vous à respecter, du contenu en tout genre à consulter… Pour gérer toute cette information, vous utilisez 5, 10, voire 15 applications, sans oublier un calepin qui traîne et une to-do liste qui s’allonge au fil des heures. Mais lorsque vous cherchez une information, vous ne savez plus si vous l’avez sauvegardée et encore moins où chercher. » Julien Gueniat vous explique alors comment gérer votre cerveau numérique.
L’origine de « l’organisologie »
L’organisologie est un mot auquel Julien a pensé en se cherchant un nom. Ce qui lui a plu dans ce terme est que nous comprenons directement que ça parle d’organisation, ainsi que l’aspect recherche, expérimentation, étude. Il désirait trouver un mot unique qui n’était pas encore utilisé, et que le simple mot évoquait ce que Julien fait sur son site : il étudie l’organisation, il expérimente et ensuite il partage avec un maximum de gens qui pourraient être intéressés par ce qu’il a découvert.
Le cerveau numérique
Le cerveau numérique agit comme un deuxième cerveau. C’est un endroit qui va nous permettre de gérer un maximum d’informations. Cela vient au départ d’un problème de place. Quand Julien voyageait avec un sac à dos seulement, il ne pouvait plus emporter son agenda, ses cahiers, etc. Rapidement, il s’est retrouvé avec différentes applications qui fragmentaient l’information. Il avait ses projets dans une application, ses idées dans une autre, son agenda et ses notes de cours dans d’autres encore. Il devenait difficile de travailler avec toutes ces informations dispersées, de les partager ou même de les retrouver. Il s’est alors demandé comment centraliser un maximum d’informations avec un minimum de logiciels. Il était à la recherche d’un logiciel flexible, et c’est là tout le défi car les logiciels nous imposent souvent une façon de procéder, d’organiser, de structurer l’information. Toutes les méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients, mais le but est de trouver une méthode qui nous corresponde et avec laquelle on prend du plaisir à travailler.
L’application Workflowy pour organiser votre cerveau numérique
Le logiciel se constitue de listes, dont on peut faire des sous-listes. Chaque point, élément de cette liste a sa propre URL qu’il est possible de partager avec la personne de son choix. On peut zoomer à l’infini dans ce point. On peut avoir énormément d’informations, mais en fonction de nos besoins, on va zoomer à l’endroit qui nous intéresse. Par exemple, Julien passe beaucoup de temps dans son agenda car c’est là qu’il note ses tâches de la journée. Si, dans notre journée, nous faisons du journaling et qu’une idée nous vient, tout en restant dans notre journal, nous pouvons noter cette idée grâce à des liens bidirectionnels. Il suffit de sélectionner la date à laquelle doit être retrouvée cette information. Et, dans le futur, quand nous arrivons à la date sélectionnée, nous y verrons cette information.
Nous pouvons y gérer nos différents domaines : santé, professionnel, privé, etc. Il y a une structure cohérente qui s’adapte à nos besoins. Si nous avons des besoins différents, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus. Au même endroit sont présents tous ces différents aspects. On peut l’utiliser pour la prise de notes pour des cours ou pour l’écriture, y inscrire nos contacts, notre carnet d’adresse. Il y des tags de couleur pour s’y retrouver, des liens, la possibilité de faire des recherches par mots clés. Il n’y a pas de notifications, mais c’est également ce qui fait la force de l’application, qui fait que nous ne sommes jamais dérangés. Il existe des modèles que nous pouvons dupliquer ou partager pour les personnaliser par la suite. Beaucoup de choses qui peuvent être faites si on se forme un minimum sinon on passe à côté de plein de choses.
Conseils : les 10 lois de l’organisologie
Julien a récemment écrit les 10 lois de l’organisologie. Il en a partagé quelques-unes lors de l’interview.
- Lorsque nous planifions une tâche, il ne faut pas penser au temps à disposition mais au temps effectif. Nous pensons tous à tort que nous avons 24h dans une journée, mais après avoir retiré les besoins élémentaires comme le temps de sommeil, par exemple, il ne reste plus beaucoup de temps. Il ne faut pas se donner des objectifs que nous ne pourrons pas tenir.
- Penser à notre énergie personnelle : la période de la journée où nous avons le plus d’énergie pour faire ce qui a le plus de valeur ajoutée pour nous.
- Mesurer la situation actuelle de manière à ce que si nous devenons démotivés par la suite, nous ayons un point de référence. Nous pourrons ainsi voir où nous nous sommes améliorés, ce qui fonctionne ou non comme méthode, etc. Car, au début, nous sommes toujours très motivés, et il est intéressant de comprendre pourquoi nous abandonnerions.
- Supprimer avant d’ajouter. Par exemple, si nous voulons être en bonne santé, nous pouvons ajouter : s’inscrire dans un fitness ou acheter bio. Mais nous pourrions supprimer pour aller mieux dans ce domaine : arrêter de fumer, arrêter les écrans après une certaine heure… Si nous supprimons, nous nous retrouvons avec des ressources que nous n’avions pas avant.
Pour les autres lois, nous vous invitons à consulter sa vidéo ou son article sur le sujet. Afin de se renseigner davantage, de consulter les formations que Julien Gueniat donne ou son livre, rendez-vous sur le site : L’organisologie.
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— Emiline Gambacorta