Le romancier Thierry Crouzet vend son blog en NFT
Écrivain et blogueur français, Thierry Crouzet est un spécialiste des nouvelles technologies. En tant que tel, il a dernièrement pris le parti de changer des objets numériques en œuvres d’art. Comment a-t-il procédé ? Il a converti son blog en… NFT.
Le point de départ : un blog… particulier
En octobre 2006, Thierry Crouzet ouvre son blog qui a la particularité d’être interactif. Le qualifiant « d’atelier de ses livres », l’auteur utilise ce dernier pour tester ses idées directement auprès de ses lecteurs. En d’autres mots, il s’agit d’un carnet numérique et interactif confrontant ses projets d’écriture avec son lectorat. Ce concept rencontre un franc succès, mais a également amené le blogueur à souligner deux problèmes : l’archivage et la pérennité de l’outil.
Convertir un blog en livres
Pour contrer ces points et dans un premier temps, la solution de Thierry Crouzet a été de convertir son blog en livres. Ainsi, il lui était possible de commercialiser ses textes en une douzaine de volumes.
Néanmoins, un problème persistait dans cette formule : le modèle de lecture propre au blog, c’est-à-dire le défilement vertical, était aboli en faveur des traditionnelles pages à tourner. Par conséquent, certaines pages ayant été conçues expressément pour ce type de lecture verticale perdaient dès lors en lisibilité.
Pour illustrer cela, l’auteur explique que « [s]on carnet est difficilement convertible en livre, parce que les photos y occupent une part presque aussi importante que les textes. Elles doivent être placées là où elles ont surgi, et seule la page indéfiniment longue résout cette contrainte avec élégance ».
Convertir un blog en NFT
C’est alors dans cette perspective simultanée de préservation et de monétisation que l’écrivain s’aventure dans une nouvelle expérimentation : le NFT. Nous vous expliquions ici, il y a quelque temps, comment fonctionne cette nouvelle technologie. Pour rappel, le non-fungible token « permet aux acheteurs d’acquérir la propriété d’un nifty, c’est-à-dire un bien numérique, sous la forme d’un jeton numérique unique ».
L’avantage du NFT est qu’il permet de résoudre progressivement les deux questions évoquées que sont l’archivage et la monétisation. Effectivement, puisque le NFT représente un titre de propriété numérique, il apporte une garantie d’authenticité et de traçabilité : « La perspective de construire des objets numériques associant texte et images, mis aux enchères, résoudrait une belle partie de ces interrogations. » En effet, « leur simple mise en vente [revient] à les backuper dans des bases de données décentralisées. Et si des acheteurs se présentaient, ils transformeraient ces objets en œuvres d’art, pourquoi pas dignes d’être exposées dans les musées. Donner de la valeur à un blog reviendrait à le pérenniser ».
C’est ainsi que Thierry Crouzet aboutit à un PDF plutôt efficace qui rassemble en une seule et unique page six années complètes de ses carnets. Thierry Crouzet a finalement confectionné une véritable fresque de 5 mètres de côté et de 27 Mo, en format PDF, résultant d’une réinvention du microfilm et proposant une approche à la fois graphique et textuelle. Il suffit de zoomer jusqu’à retrouver le texte originel. Du 26 août 2005, date de lancement, au 1er janvier 2006, l’engouement fut réel et les pixels invendus ont depuis été cédés sur eBay, où il est encore possible d’en acheter.
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— Aline Jamme