Le nouveau projet de Bibliothèques Sans Frontières : Wash and Learn

À l’initiative de Bibliothèques Sans Frontières (BSF), des laveries automatiques se transforment en bibliothèques et en centres numériques aux USA. Aller laver son linge et s’instruire, c’est possible ! L’objectif ? Ouvrir ce programme dans 30 000 établissements. Dans quel but ? Limiter la fracture numérique et donner accès à la lecture aux populations plus vulnérables.

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Renforcer le pouvoir d’agir des populations défavorisées

BSF est un acteur primordial dans l’alphabétisation et la lutte contre l’illettrisme. Il n’est plus à prouver que les publics vulnérables socialement sont bien plus éloignés de la lecture et touchés par la fracture du numérique. En tant que professionnels du livre, « Bibliothèques Sans Frontières est une ONG qui renforce le pouvoir d’agir des populations vulnérables en leur facilitant l’accès à l’éducation, à la culture et à l’information ».

Pour reprendre leurs mots, dans plus de 50 pays, BSF créent des « espaces culturels et éducatifs innovants qui permettent aux personnes touchées par les crises et la précarité de s’instruire, de se divertir, de créer du lien et de construire leur avenir ». Et c’est dans cette perspective que s’est érigé le programme Wash and Learn qui veut donc limiter la fracture numérique et donner accès à la lecture aux plus démunis.

La fracture numérique accentuée par la crise sanitaire

Bien que les inégalités numériques existent depuis longtemps, la pandémie les aura concrètement exacerbées. Qu’il s’agisse des élèves avec l’école à distance, des travailleurs avec le télétravail, des citoyens en général avec les téléconsultations, les démarches et déclarations en ligne, le commerce électronique, ou encore l’accès à la culture sur Internet, tous ne sont pas égaux face à ces enjeux numériques.

Pour l’exemple et selon les chiffres de l’Institut de statistique de l’UNESCO et de l’Union internationale des télécommunications, la moitié des apprenants du monde rencontrent des obstacles majeurs dans le cadre de l’apprentissage en ligne. « À l’échelle mondiale, ils sont 826 millions, soit 50 %, à ne pas pouvoir accéder à un ordinateur à la maison, tandis que 43 %, soit environ 706 millions, n’ont pas accès à Internet chez eux. »

L’un des défis majeurs auquel Bibliothèques Sans Frontières s’attaque à travers ce nouveau projet concerne ces effets soulignés par la pandémie. Transformer 30 000 laveries automatiques en véritables espaces communautaires d’apprentissage pallierait le besoin de fournir un accès numérique et littéraire aux Américains qui ont du mal à accéder à leurs bibliothèques locales.

Pourquoi des laveries automatiques ?

Premièrement, en règle générale, les familles ayant recours aux laveries sont plus vulnérables. Elles n’ont souvent pas de machines à laver à la maison et sont donc dans l’obligation d’y aller régulièrement pour laver leurs vêtements. Ainsi, le public cible de BSF est cerné dans cet environnement. D’autant plus que bien souvent, les adultes y vont souvent accompagnés des enfants. Dès lors, tous les âges de ce public sont balayés.

Deuxièmement, l’attente est, la plupart du temps, très longue. Il faut estimer plus d’une heure avant de récupérer son linge. Cette attente se révèle être une véritable invitation à l’instruction dès lors que la laverie propose des services éducatifs, littéraires et numériques !

Troisièmement, les laveries sont ouvertes 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 aux USA, ce qui rend les services mentionnés disponibles à tout moment. En guise d’exemple fructueux de laverie convertie, dans le comté de Shakopee, BSF s’est associé à la bibliothèque locale. En proposant dans les laveries des livres pour enfants en plusieurs langues, des ordinateurs portables et des points d’accès Internet pour les clients, chacun a accès à ces outils, n’importe quand.

Les résultats en chiffres

  • Les enfants se sont 30 fois plus intéressés aux livres et ont trouvé un intérêt à lire pendant ce moment. Les parents ont du temps, donc ils se sont aussi intéressés aux activités des enfants.
  • Plusieurs laveries participent, et ce, dans différents états des USA : Californie, Michigan, Minnesota, Texas, etc.
  • Entre octobre 2019 et février 2020, San Antonio Wash and Learn a supervisé plus de 100 heures de programmes.
  • 252 personnes de toutes classes d’âge, des plus jeunes aux seniors ont participé au programme dans la ville.
  • 29 séances ont été données avec la participation des bibliothèques locales.

En guise de conclusion

BSF propose de véritables espaces communautaires et culturels dans lesquels les bibliothécaires aident les participants à télécharger des livres numériques, à utiliser leurs appareils mobiles et à trouver des ressources en ligne. Si ces gestes peuvent paraître simples aux premiers abords, les inégalités d’apprentissage font qu’ils ne le sont pas forcément pour tout le monde. Il ne faut pas oublier que la fracture numérique ne cesse de se creuser et qu’il est impératif d’y remédier ! Et pourquoi pas en s’inspirant de ce projet pilote Wash and Learn ?

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— Aline Jamme

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