Sandawe, le crowdfunding au service de la bande dessinée

Sandawe est né en novembre 2009 sous la houlette de Patrick Pinchart. Après 22 ans de carrière aux éditions Dupuis, ce passionné de bandes dessinées, séduit par le concept du crowdfunding, décida de lancer sa maison d’édition. Au cours de son développement, la structure a bénéficié d’un prêt du fonds Star’t invest. Patrick Pinchart revient avec nous sur cette aide décisive et son projet.

Revenons avant tout sur le projet Sandawe. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Après une carrière chez Dupuis où j’avais occupé tour à tour les fonctions de rédacteur en chef de Spirou, éditeur et où je m’étais également occupé du multimédia, j’ai décidé de lancer ma propre structure basée sur le modèle du financement participatif. Le premier site de Sandawe a été présenté à Angoulême en 2010 dans une version pas tout à fait aboutie. C’est alors que je me suis vu immobilisé pendant un an suite à un accident d’escalade. Durant cette période, j’ai géré à distance le déploiement de la deuxième version du site dont le lancement opérationnel fut effectif en 2012. C’est la date que je retiens comme le début de notre maison d’édition.

Je définirais Sandawe comme une maison d’édition traditionnelle si ce n’est que les internautes sont impliqués dans le financement des projets grâce au crowdfunding.

Comment avez-vous financé la création de votre maison d’édition ?

Nous étions à la base deux associés, mon partenaire avec un profil plus financier et moi-même avec un profil beaucoup plus créatif. Nous avions chacun investi 15 000 euros dans l’aventure. Je me suis finalement retrouvé à racheter les parts de mon partenaire qui avait décidé de se retirer du projet. Le prêt de 50 000 euros de Star’t invest est arrivé au bon moment, il m’a permis de continuer mes activités pendant cette période avant une nouvelle levée de fonds. Je n’aurais pas pu le faire sans cela. Ce sont des gens très compétents, patients et compréhensifs. Par après, deux édinautes ont investi dans la structure qui reste aujourd’hui financée par des fonds privés. Nous sommes par ailleurs toujours en levée de fonds.

Comment se structure l’équipe de Sandawe ?

Sandawe se compose aujourd’hui d’une équipe de deux personnes. Je me consacre au développement numérique et éditorial, aux contacts avec les auteurs, à l’animation de la plateforme, en fait tout ce qui ne traite pas de l’administratif et des finances que gère une autre personne. Après 20 projets, nous nous rendons bien compte que nous arrivons à une taille critique où nous avons besoin d’engager des employés pour nous aider. La gestion des projets de la maison d’édition et de la plateforme de crowdfunding est extrêmement chronophage. J’interviens à tous les niveaux de la fabrication du livre mais aussi du commercial et de la communication, c’est beaucoup pour une seule personne. Résumer ma journée-type est tout bonnement impossible !

Parlez-nous des projets sélectionnés par votre maison d’édition et soutenus par vos internautes.

Nos internautes sont des passionnés de BD, qui dépensent beaucoup d’argent en librairie, ce sont pour la plupart des collectionneurs. Ils privilégient surtout des bandes dessinées davantage artistiques. Je qualifierais d’ailleurs les choix de nos internautes comme excellents. Les oeuvres grand public n’ont pas vraiment séduit sur notre site. Je sélectionne pourtant des bandes dessinées de tous les genres. Je précise également que les projets proposés sur notre plateforme sont toujours le fruit de professionnels, jamais d’amateurs.

Pour compléter cette formule, nous allons par ailleurs lancé un nouveau programme « Projet libre », qui permettront à des projets d’échapper à mon filtre draconien de présélection et de travailler avec Sandawe, qui agirait alors comme un prestataire de service. Nous pourrons financer avec ce genre de programme d’autres productions ayant trait à la BD comme des reportages, des fresques murales dans Bruxelles mais aussi des essais, etc.

Comment percevez-vous le marché actuel de la bande dessinée ? Le fait de s’appuyer sur des titres plébiscités par des lecteurs vous garantit-il un avantage commercial en magasin ?

Le monde de la BD est devenu très concurrentiel. Avec plus de 5000 nouveautés par an, la visibilité des titres est fortement limitée. L’une de nos hypothèses de départ fut effectivement de nous demander si le choix de nos lecteurs nous garantissait un succès en librairie. Nous savons aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Le milieu est tellement difficile qu’il est très dur pour une nouvelle série d’émerger.

Vos livres sont présents en librairie physique, le sont-ils aussi en numérique ?

Oui, tous nos titres sont disponibles au format numérique sur les plateformes telles que Comixology, BdBuzz et bien d’autres. Au format imprimé, nos livres bénéficient d’une distribution via Hachette. C’est très important pour nous de signaler que nous sommes effectivement une petite maison d’édition mais que nos auteurs bénéficient d’une très grande expertise et d’un grand réseau de distribution. Ils sont d’ailleurs soutenus activement par notre réseau d’internautes qui ont à leur disposition un matériel promotionnel important. Ils jouent un formidable rôle d’ambassadeurs pour notre travail. Nous les remercions en leur offrant des bonus : dans chaque album figure un code leur permettant d’accéder à du contenu exclusif tel que des storyboards. Notre équipe est composée de passionnés tout comme notre communauté, on se doit de leur offrir le maximum.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional