DPUB Summit 2020 : Blockchain et attribution des droits d’auteur sur Internet

Dans le cadre du Digital Publishing Summit 2020, organisé par lEDRLab, Sebastian Posth présente The Attribution Ledger Project (le Projet de Registre dAttribution), développé par l’Agence canadienne des droits dauteur, Access Copyright. Cet outil permettrait une avancée considérable dans le domaine de lattribution des droits dauteur sur Internet.

Le problème de lattribution des droits dauteur sur Internet

Tout part d’un constat : sur Internet, n’importe qui peut facilement publier un contenu et s’en prétendre l’auteur alors qu’il n’en est rien en réalité. Qu’il s’agisse d’une vidéo, d’une musique, ou de toute autre création de l’esprit, les plateformes qui proposent la mise en ligne de contenus par les utilisateurs ne bénéficient pas aujourd’hui de systèmes pour rechercher à la source si l’auteur allégué du contenu l’est réellement.

À l’heure actuelle, il existe des mécanismes dits de notification et de retrait mis en place par des plateformes telles que YouTube pour lutter contre le piratage, mais ils ne jouent qu’une fois le contenu mis en ligne. Tout intéressé peut alors signaler une violation de droits d’auteur, que la plateforme vérifiera pour ensuite supprimer ou non le contenu.

Ce problème n’est cependant pas sans conséquence, car la monétisation de tels contenus revient ensuite à celui qui s’en est déclaré l’auteur.

L’utilité de la technologie Blockchain

Access Copyright et sa filiale Prescient Innovations, avec à leurs têtes Roanie Levy, ont donc voulu pallier cette confiance mal placée, pour faire en sorte que les créateurs soient rémunérés justement et avec transparence quand leur travail est utilisé.

Pour ce faire, elles ont longuement étudié le mécanisme mis en place par la Blockchain. Créée en 2008 pour gérer les flux de cryptomonnaie, la Blockchain est une technologie qui permet des transferts de données et leur classement dans un registre en ligne.

Ce système est sécurisé et transparent, car il ne repose pas sur un organe central de contrôle. Par exemple, pour virer de l’argent par Internet, on doit passer par l’intermédiaire d’un tiers de confiance, qui est souvent notre banque. La Blockchain change tout, car elle supprime le recours au tiers de confiance en vérifiant la fiabilité des flux directement grâce aux ordinateurs qui font partie de son réseau, via un système dit de minage. Toutes les transactions sont donc publiques et organisées, une fois vérifiées, en blocs successifs qui forment des chaînes.

Véritable révolution, la Blockchain peut être utilisée dans de divers domaines, mais ne l’est pas encore dans le milieu créatif.

Le développement dune solution : lAttribution Ledger Project

À la suite de ces recherches, Roanie Levy et son équipe ont mis en place l’Attribution Ledger Project, qui permettrait d’être certain que le bon contenu soit attribué au bon auteur.

Ce système intervient en amont de la mise en ligne et inclut trois composantes :

  • un registre ouvert et transparent, qui rassemble tous les contenus mis en ligne en les connectant avec les identifiants et métadonnées qui les qualifient, ainsi qu’avec la personne disposant des droits d’ Cela est rendu possible grâce à un mécanisme appelé ISSC qui émet quatre empreintes numériques différentes pour chaque contenu, grâce à quatre algorithmes différents. Concrètement, cela doit réduire au maximum les chances de se tromper dans une attribution ;
  • un système de vérifications. Il s’agit de vérifier une nouvelle fois l’attribution qui a eu lieu à l’étape précédente ;
  • un système de requêtes en attribution qui permettrait de soumettre des requêtes et de résoudre les conflits ainsi créé.

Comme applications de ce projet, l’Access Copyright a créé deux sites qui utilisent Blockchain comme technologie sous-jacente et les attributions vérifiées fournies par le Attribution Ledger Project :

  • Fanship, une plateforme sur laquelle auteurs, éditeurs et fans peuvent échanger leurs recommandations de livres, avec possibilité d’achat ;
  • Imprimo, une plateforme dédiée aux arts visuels, qui édite des certificats d’authenticité pour les créations physiques.

Toutefois, pour que l’Attribution Ledger Project fonctionne, il doit être global et supporté par l’industrie de l’édition et des arts visuels, ainsi que par un maximum d’instituts nationaux de la propriété intellectuelle. Le but serait en effet la mise en place de règles internationales de création, vérification et utilisation d’attributions vérifiées. L’UE est déjà intéressée à suivre le Canada, précurseur en la matière, dans ce projet.

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— Nausicaa Plas

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